Voici une photographie précise de la situation du livre et de l'édition en France en 2016
Le livre, première industrie culturelle en France : 3,93 milliards d'euros en 2016
En 2016, 359 millions de livres ont été vendus, cumulant papier et numérique. Or, le numérique seul, en regard de 2015, aurait connu une croissance de 13% alors qu'en cumulé pbook et ebook, le recul est de 1,2%. Le chiffre d'affaires est de 3,93 milliards € – l'ebook augmente de 12% et au global, le recul est de 1% par rapport à 2015.
La tendance numérique se confirme et se renforce nettement : entre 2014 et 2016, la consommation de biens culturels dématérialisés est passée de 18% à 26%.
Phénomène étonnant, on constate un recul des ventes de best-sellers ! Les ventes de plus de 100.000 exemplaires, qui représentent 7,5% du chiffre d'affaires global, perdent 11%.
De même, les ventes entre 10.000 et 99.999 exemplaires – soit 26% du CA – perdent 4%. Seules les ventes de 1000 à 9999 ex. grimpent de 2% (43% du CA global), quand les strates 50/999 et 1/49 ex. restent stables.
Autre point, le fameux fonds résiste, mais par fonds, GfK entend les titres parus avant 2013 : ils représentent 46% des ventes (-3%), le fonds récent (2013-2015) chute de 0,5% et représente 34%, et les nouveautés 2016 sont en croissance de 1%, pour peser 20% du CA.
Les années 2015-2016 ont été littéralement portées par deux titres phares : Astérix, avec 23 millions € de CA en 2015 et Harry Potter, 33 millions € en 2016. Notons que l'Euro 2016 a permis de réaliser + 12 millions € par rapport à 2015. Quant à la réforme scolaire, elle a apporté + 15 millions €.
Signe d'une fin des temps, les livres de coloriages ou l'art thérapie s'essoufflent considérablement : avec 29 millions € en 2015, on passe à 14 millions € en 2016.
Fait marquant, les cessions de droits étrangers ont augmenté de 7,3% en volume (après + 10% en 2010).
Répartition des ventes
La librairie constitue toujours le secteur le plus fragile et le plus menacé de la chaîne du livre.
La montée en puissance des ventes par internet l'affecte particulièrement.
GfK montre également que plusieurs secteurs de l'industrie sont directement concurrencés par des nouveaux usages : les plans de ville par Google Maps, les dictionnaires par Wikipedia, le bricolage par les tutoriaux... La chute la plus drastique est celle des secteurs informatiques et réseaux, passant de près de 35 millions € à un peu plus de 15 M€.
Enfin, voyons un point spécifique : l'impact de l'achat de classiques en papier, disponibles en numérique, gratuitement, du fait qu'ils se trouvent dans le domaine public. La lecture de ces ebooks représente 17% de la consommation d'ebook des Français. La fiction classique parue avant le XXe siècle est passée de 4 millions d'exemplaires à 2,8 millions d'exemplaires, soit 30% de baisse.
Enfin, le marché de l'occasion serait en croissance pour 2016, avec + 0,6%, pour ne toutefois peser que 16% du marché en volume.
La distribution des livres va de pair avec le développement de la vente en ligne : avec 72 milliards € (+ 15%), il est évident que le livre suit une tendance sociale globale. En 2015, on comptait 10,7 millions d'acheteurs de livres sur internet, contre 11,3 millions en 2016.